Pigeon, vole
Non, je ne suis pas devenue cinglée, ce titre n'est pas de moi, c'est celui du roman que je viens de terminer, reçu dans le cadre de la dernière opération Masse Critique de Babelio à laquelle j'ai participé !
Pigeon, vole, de Melinda Nadj Abonji, éd. Métailié.
Ildi et Nomi sont deux soeurs qui vivent en Suisse depuis que leurs parents ont décidés de quitter leur terre natale pour tenter leur chance dans un nouveau pays, la Suisse ... pays qui ne plaisante pas avec l'immigration, et le processus qui permettra à Miklos, à sa femme et à ses filles de devenir citoyens suisses sera long et parfois humiliant ... mais payant. Après une dizaine d'années, la famille est réunie en Suisse, et prend la gérance d'un bar-restaurant tout à fait respectable ... le travail est dur et les escapades au pays natal revêtent les atours des jours de fête, de la douceur de vivre et le visage de Mamika, la grand-mère qui a servi un peu de mère aux deux filles pendant les premiers temps de l'immigration des parents, avant qu'ils n'aient le droit de faire venir leurs filles auprès d'eux.
Le récit balance donc entre le temps présent et celui des souvenirs, entre l'Est et l'Ouest, entre le désir d'être totalement fondu dans ce nouveau pays et cette nouvelle culture, et la nostalgie irrépressible de la terre natale. Et puis il y a la guerre qui déchire l'ex-Yougoslavie, le siège de Sarajevo qui agite les consciences de ceux "passés à l'Ouest", les drames qui déchirent les familles dont une partie a quitté le pays, abandonnant les siens derrière elle ...
Tout cela décliné et mélangé dans une langue riche et sensuelle, mais une langue parfois difficile à lire, qui mêle sans cesse les sons et les sentiments, les actes et les rêveries, les scènes et les souvenirs ... (dans des séquences stylistiques souvent longues et qui alourdissent un peu la lecture).
Un roman atypique et parfois dérangeant, et plus encore quand on réalise qu'il ne parle pas de temps reculés, mais bien de notre époque contemporaine, avec nos idéaux et nos préjugés, parfois durement secoués par la réalité.