Tsubaki
On change complètement de style après Stephenie Meyer, voici un minuscule roman japonais (enfin, écrit en français par une Japonaise vivant à Montréal) : Tsubaki, Le Poids des secrets (1), d'Aki Shimazaki.
Yukiko a survécu à la bombe atomique de Nagasaki. Mais comme beaucoup d'autres Japonais, elle a toujours refusé d'en parler, et particulièrement à sa fille Namiko. Sauf la veille de sa mort, où elle se met subitement à répondre, ou du moins tenter de répondre, aux questions de son petit-fils. Mais ce n'est qu'en lisant la lettre que sa mère a laissé pour elle chez son notaire que Namiko va enfin comprendre ce qu'a été la vie de sa mère, et les secrets qu'elle a caché avec tant de soins sa vie durant.
Voici un très court roman, mais qui n'est que le premier d'une série de 5 (malheureusement un peu difficiles à trouver en librairie), qui explore avec sensibilité et retenue les méandres de la psychologie japonaise (ça fait un peu pompeux dit comme cela, mais c'est vraiment l'impression que l'on a à la lecture, celle d'effleurer du doigt une façon de penser, le poids d'une société qui n'est pas la nôtre, et dont nous ne saisissons pas vraiment les subtilités et les contraintes). Par le biais de cette femme et de sa découverte tardive du passé familial, l'auteure nous plonge dans une atmosphère feutrée et saturée du parfum des tsubaki, ces camélias couleurs de sang frais qui sont la fleur préférée de Yukiko. Les interrogations du garçon à sa grand-mère sur le "pourquoi" des bombes atomiques, et plus généralement de la guerre, nous pousse aussi à nous interroger sur les facettes du pouvoir, et remette une fois de plus en balance la culpabilité des vainqueurs, et la vulnérabilité des coupables.
La découverte d'un nouvel auteur japonais pour moi, et comme d'habitude, un réel bonheur de lecture et une plongée rafraîchissante dans un autre monde.