Et une nouvelle lecture ... la traduction française du dernier roman d'Haruki Murakami, auteur que j'aime d'amour depuis de nombreuses années ... et dont j'attends chaque nouvelle parution avec impatience !
L'incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pélerinage, de Haruki Murakami, éd. Belfond.
Tsukuru Tazaki est un homme d'une trentaine d'années apparemment sans histoire. Fasciné depuis son enfance par les gares, il travaille dans une compagnie chargée de l'entretien et de la modernisation des bâtiments ferroviaires. Il fréquente Sara depuis quelques temps et se sent bien avec elle, mais de son côté, Sara a l'impression que quelque chose en lui l'empêche d'être heureux. Peu à peu, poussé par Sara, Tsukuru se livre et lui parle de son adolescence à Nagoya et de sa rencontre avec quatre amis avec qui il formait à l'époque un cercle quasiment parfait. Ces quatre amis avaient la particularité d'avoir chacun dans leur nom une couleur ... les garçons étaient Bleu et Rouge, les filles Blanche et Noire ... Tsukuru, lui, n'avait pas de couleur. Néanmoins, il était lui aussi membre du cercle, et leur amitié à tous les cinq était quelque chose que l'on ne rencontre que rarement.
Et pourtant, un jour, alors que Tsukuru était parti faire ses études à Tokyo, il a été purement et simplement exclu de son groupe d'amis, sans la moindre explication ou justification. Cette exlcusion a été comme une condamnation à mort pour lui, et pendant un temps, il a eu l'impression d'avoir effectivement frôlé la mort. Puis, petit à petit, il a repris goût à la vie, dans une certaine mesure. Mais quelque chose en lui est cassé, et d'après Sara, s'il veut pouvoir vivre pleinement de nouveau, il a besoin de revoir ses anciens amis et de faire le point sur son passé.
Ce sera pour Tsukuru le point de départ d'un curieux pélerinage, à la rencontre de son passé, des gens qu'il a côtoyé et de lui-même.
Comme toujours chez Murakami, pendant notre lecture nous oscillons à la frontière incertaine entre le rêve et la réalité, le fantastique et le fantasmé, la poésie et la cruauté. Comme toujours, on se laisse entraîner dans les méandres d'une histoire qui mêle le présent et le passé, les actes et leurs conséquences, ce qui aurait pu être avec ce qui est.
Et comme toujours pour moi, c'est un bonheur de se perdre dans ce roman et ses protagonistes, dans la musique d'une langue belle et simple (bravo à la traductrice, Hélène Morita), et dans les échos de mélodies qui affleurent entre les pages (Murakami est passionné de musique, et cela se sent) ... d'ailleurs, il faut absolument que je trouve Les Années de pélerinage de Liszt jouées par Lazar Berman à écouter ...